Êtes-vous conscients de ce problème qu’est le perfectionnisme ? Qui parmi vous a déjà passé un entretien d’embauche et à la question :
« Pouvez-vous me citer un de vos défauts ? »
A répondu
« Je suis perfectionniste »
Eh bien, je vais vous confirmer à quel point c’est vrai. C’est même l’un des pires. Le perfectionnisme est un sérieux handicap.
Avant de choisir le thème de cet article, je me suis posé la question : « si je devais parler d’une de mes difficultés du moment, quelle serait-elle ? ». Alors c’est comme si je m’écrivais à moi-même, car le sujet me touche directement. Néanmoins, je ne suis pas le seul.
Vous découvrirez ici à quel point le perfectionnisme est un problème qui sape tous nos projets et comment les critiques que nous émettons, se retournent contre nous.
N’y allons pas par quatre chemins, le perfectionnisme est ce qui détruit notre bonheur et nous rend malheureux. Ainsi, cet état d’esprit nous pousse à être hypercritiques envers tout. Alors, la critique devient une habitude et cela nous empêchent d’avancer. Si bien que nous gaspillons notre énergie mentale en pinaillant sur des détails superficiels. Au lieu de ça, nous pourrions nous concentrer sur les habitudes et modes de pensée qui nous permettent de booster notre créativité.
Quand nous regardons les réalisations de grands maitres et les comparons à nos propres résultats nous oublions qu’il leur a peut-être fallu toute une vie de pratique pour en arriver là. Alors que nous en sommes encore qu’à nos premiers pas, nous nous imposons des standards de qualité totalement absurdes.
Quand nous voulons que tout soit parfait dès le départ, nous fuyons les situations et les projets qui nous demandent de la maitrise. Alors, nous abandonnons avant même d’avoir commencé. De cette manière, nous nous empêchons d’apprendre en pratiquant. Les processus d’apprentissages sont des concepts très importants pour moi et une grande leçon que j’ai apprise est, que le cheminement est plus important que la destination. Autant par les actions que nous menons, les erreurs qui nous orientent vers le succès, que par le plaisir que nous tirons en appréciant le voyage. En revanche, le perfectionniste, quant à lui, ne se concentre que sur les résultats.
L’impasse
Le plus grand problème du perfectionniste est sa réticence à accepter la réalité. Si nous acceptons ce qui est, alors nous pouvons être satisfaits. En effet, l’acceptation est une capacité très importante à développer afin de réaliser son potentiel. Peu importe si vous n’êtes pas sensibles à ce point de vue plus « spirituel », que vous préférez vous concentrer sur des problèmes plus concrets et tangibles, tels que vos finances ou votre carrière, il est plus difficile d’être heureux en résistant à la réalité au lieu de l’accepter.
De plus, nous n’avons jamais eu autant d’options dans l’histoire de l’humanité et notre cerveau n’a pas évolué pour être capable de prendre autant de décisions dans cette surabondance de choix. Ceci est un problème pour le perfectionniste qui va toujours essayer de sélectionner la meilleure possibilité. Par exemple, s’il doit acheter un aspirateur, il devra étudier une quinzaine ou une vingtaine de produits disponibles. Il va parcourir toutes les marques, tous les coloris, les différentes puissances, les accessoires disponibles. Il lira tous les tests et toutes les critiques. Finalement, après une longue période d’analyse, il prendra l’aspirateur le plus génial avec le meilleur rapport qualité-prix et pensera qu’il est enfin heureux. Mais que se passera-t-il quand, par un malheureux hasard, un nouveau modèle encore plus performant sortira une semaine plus tard ? La personne décrite ici est un dérivé du perfectionniste, nommé le « maximaliste ». Sa quête est vaine et aboutit la plupart du temps sur de la frustration ou de la déception, si ce n’est de la colère. Sachant que la perfection n’existe pas, il ne pourra jamais être complètement heureux.
Enfin, le perfectionnisme est une forme très sournoise et trompeuse de procrastination. En effet, être hypercritiques nous fait dépenser toute l’énergie et le temps dont nous disposons pour concrétiser nos projets. Cela nous empêche de suivre notre ambition ou d’atteindre n’importe quel objectif que nous avons dans notre vie. Il m’arrive d’avoir ce défaut en étant hypercritique à propos de mon contenu et cela peut quelques fois, me priver du bonheur lié à la créativité. Il me faut environ 7 heures pour écrire un article comme celui-ci avant d’être satisfait.
Un chemin foisonnant
L’idée d’arrêter d’être perfectionniste génère la peur de devenir moins performants. Celle de perdre notre emploi si parfait, notre couple si parfait, notre maison et notre voiture si parfaites. En réalité, nous confondons la perfection avec l’excellence. Si nous pensons que le perfectionnisme nous a amené là où nous en sommes aujourd’hui, il faut savoir que l’excellence nous emmènera infiniment plus loin. Le perfectionnisme est une névrose qui nous pousse à rester insatiable. Si cela est la seule source de motivation que nous connaissons alors nous voudrons surement nous y accrocher pour éviter d’échouer. Mais les personnes qui réussissent le plus sont celles qui acceptent l’échec et l’imperfection comme faisant partie du processus de maitrise de leur art. En effet, l’art n’est pas la recherche du parfait mais plutôt le plaisir de créer.
Quel que soit notre but dans la vie, nous sommes tous des artistes, dans la mesure où nous mettons de la passion et sommes créatifs dans notre travail. C’est une très bonne manière de rendre notre vie plus épanouissante. Si bien que nous ressentons de la joie durant tout le processus de création et non pas exclusivement au moment des résultats. Ainsi, nous sommes beaucoup plus productifs, surtout lorsque nous parvenons à retirer du plaisir durant le cheminement, tout autant dans les succès que les erreurs. Quand nous étions bébés, nous avons appris à ramper avant de marcher. Tout sur notre planète est parti à l’origine d’une forme très rudimentaire avant d’évoluer. C’est le cas aussi pour nous, pour notre entreprise, pour la société et pour le monde dans son ensemble. Ainsi, même si les choses que nous faisions dans le passé, ne sont plus pertinentes dans le présent, ce sont elles qui nous ont permis d’en arriver là aujourd’hui. C’est de la même manière qu’aujourd’hui, nous utilisons notre situation actuelle comme une plateforme pour demain. Alors, ce qui compte est de toujours faire de son mieux avec les ressources disponibles dans l’instant.
Toutefois, nous avons été conditionnés pour ne pas tolérer les erreurs. Si nous sommes trop sévères avec les gens, les objets et les situations du monde extérieur alors nous le serons aussi avec nous-même. Ainsi, dans la partie la plus sombre de notre subconscient, nous finirons par nous détester et nous auto-flageller. Mais, avant d’en arriver là, quelle sont les solutions à notre disposition ?
Le rayonnement de l’acceptation
L’avantage est que la simple prise de conscience permet déjà d’éviter les dommages que nous pouvons nous infliger. Cela implique de cesser de justifier notre comportement afin de le garder en place avec des pensées du genre : « si j’en suis arrivé là – si je me suis bien débrouillé, c’est parce que je suis perfectionniste ». En réalité, nous pouvons aller beaucoup plus loin dans la manifestation de notre art.
La prise de conscience implique aussi de réaliser à quel point nous nous privons de notre capacité à apprécier les choses simples et de notre joie de vivre.
Ceci est rendu possible si nous faisons l’effort de remarquer quand nous critiquons. Pour l’instant, nous pouvons déjà admettre qu’il nous arrive de critiquer au long de la journée. Mais, ce n’est en réalité que la partie visible de l’iceberg. En effet, c’est probablement dix fois pire que ce que nous pensons. Alors, un exercice concret que nous pouvons faire est de porter un bracelet en plastique autour du poignet, avec le défi de ne pas critiquer pendant 30 jours. Durant ce défi, nous devons tout le temps rester à l’écoute de notre voix intérieure et à chaque critique, marquer le coup en faisant claquer le bracelet. Ensuite, nous focalisons à nouveau notre attention sur notre objectif du moment et agissons sur-le-champ avec détachement.
Nous redirigeons nos pensées vers nos rêves. De ce fait, nous sommes plus énergiques pour passer à l’action et générer des idées plus créatives. Ou alors, nous sommes disponibles pour passer du temps avec nos proches et mieux apprécier ces moments à fond.
En redirigeant notre esprit ainsi, nous trouvons le courage d’accueillir la réalité telle quelle et de pratiquer l’acceptation. La méditation est aussi un exercice formidable pour cela.
Il n’y a pas de situation parfaite, pas d’amour parfait ou de travail parfait. Il y a toujours de la place pour l’évolution. La vie est un effort constant d’amélioration en continue qui restera une quête inachevée. Attendre d’avoir atteint la perfection avant de l’apprécier est le meilleur moyen d’avoir une existence rigide et amère. Si nous cherchons à être parfaits, nous resterons devant une porte fermée alors que si nous désirons simplement nous améliorer dans l’action, nous avancerons vers une porte ouverte sur d’innombrables possibilités.
Changer le prisme à travers lequel nous regardons le monde est un excellent moyen d’être plus heureux. Ainsi, nous acceptons la beauté de l’univers et restons reconnaissants d’être en vie.
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Le perfectionnisme paralyse, je travaille en R&D et je peux te garantir que c’est la première chose que je dois enseigner à mon équipe, accepter les erreurs qui nous font apprendre. Je suis même à me demander si on ne devrait pas avoir un autre mot pour ça.
Merci pour cet article très interressant! Apprendre que l’échec n’est pas forcement négatif et que la réussite n’est souvent pas immédiate, c’est ce que je répète à mes enfants. Il est important de vouloir bien faire, mais chercher à vouloir que cela soit parfait peut-être un piège pour soi-même. L’exemple avec la recherche d’aspirateur est très parlant…
J’aime bien cette idée de toujours chercher à s’améliorer dans l’action sans se focaliser sur le résultat parfait! C’est une forme de perfectionnisme dynamique qui nous fait bien entendu avancer plus vite que le perfectionnisme statique !
Le perfectionnisme inhibe l’action … et j’aime beaucoup une citation qui illustre cela « Pablo n’a pas attendu d’être Picasso pour commencer à peindre » – je ne me rappelle plus qui en est l’auteur mais je la trouve très pertinente sur le sujet du perfectionnisme et du passage à l’action.
Merci pour cet article. Il ne faut pas être perfectionniste, mais faire des erreurs, faire des choix différents, évoluer pour avancer et réussir. Et surtout, d’accepter que cela fait partie de nous et non quelque chose d’anormal. Merci encore.
Merci pour cet article tres interessant. Je pratique depuis peu le lacher prise et ca fait un bien fou! Je recommande 😉
Merci Walid pour cet article !
Un passage de ton article me touche particulièrement et fait écho à mon histoire personnelle. Depuis toute petite, j’ai toujours cru que lorsque tu apprenais une nouvelle notion en classe, je devais la comprendre de suite immédiatement sans passer par la phase apprentissage et la pratique. J’en subi les conséquences aujourd’hui avec mes exigences dans ce que j’entreprends parfois. Alors qu’en tu précises que « nous fuyons les situations et les projets qui nous demandent de la maitrise. Alors, nous abandonnons avant même d’avoir commencé. De cette manière, nous nous empêchons d’apprendre en pratiquant. Les processus d’apprentissages sont des concepts très importants pour moi et une grande leçon que j’ai apprise est, que le cheminement est plus important que la destination. » Je ne peux t’être qu’en accord avec toi et je comprends totalement… Le cheminement est largement plus important que la destination en elle-même. Merci Walid !! Je vais conserver ce paragraphe pour le relire régulièrement…
Merci pour ce témoignage. Je suis ravi que mes mots résonnent en toi. Tu as pu ainsi bien capter l’essence de ce que j’ai voulu exprimer. A bientôt 🙂