Microsoft a créé une intelligence artificielle nommée TAY capable d’apprendre et d’interagir avec les humains. Durant cette expérience, on lui a ouvert un compte Twitter pour qu’elle puisse se faire des amis. Il a fallu moins de 24 heures à TAY sur internet pour péter les plombs !
Le programme de Microsoft est rapidement passé de l’apparence d’une adolescente innocente à celle d’une nazi psychopathe et complotiste. À la suite de ce fiasco, les ingénieurs, très embarrassés, ont dû débrancher TAY d’urgence, après un dernier tweet. Alors, comment ce gentil robot inoffensif s’est transformé en barjot sanguinaire ?
Garbage in garbage out
Tay a créé sa personnalité en discutant avec les humains. Puis sur son chemin, elle est tombée sur des trolls. Un groupe de petits galopins s’est organisé pour lui faire dire les pires horreurs. Et ils ont réussi grâce à un concept appelé garbage in garbage out.
Dans un système, si nous avons en entrée des données qui sont incorrectes, alors en sortie les résultats seront forcément mauvais aussi. Cette règle est vraie pour un ordinateur. Elle est vraie pour une formule mathématique mais elle est aussi vraie pour les êtres humains.
Notre cerveau reçoit des données en entrée qui sont stockées en mémoire et il produit en sortie nos paroles, nos comportements et nos émotions. Cela définit notre humeur et notre niveau de réussite. Pensez à cet oncle adorable qui exprime sa délicieuse opinion, lors des repas de famille.
Chacun vit seul dans sa propre réalité. Par exemple, vous allez à une fête avec une copine et alors, que vous vous passez la soirée de l’année, votre ami, elle, s’ennuie comme un rat mort. Pourtant vous étiez ensemble au même endroit avec les mêmes personnes. On s’aperçoit qu’on n’a pas la même vision du monde.
Cette image a été utilisé dans une expérience à Harvard. Dites-moi ce que vous voyez dans les commentaires pour savoir combien d’entre vous voient la jeune femme et combien voient la vieille dame.
Nous sommes tous différents : certains sont pessimistes et d’autres sont optimistes. Certains trouvent que le monde est cruel et d’autres dorment sur leurs deux oreilles. C’est pourquoi certains se lancent dans des grands projets avec courage et d’autres sont tétanisés sans aucune confiance en soi.
Mais alors d’où provient cette différence ? Cette différence est liée à notre ressource la plus précieuse au monde. Non ! Il ne s’agit pas de votre argent. Non ! Il ne s’agit pas non plus de votre temps. Je vais vous dévoiler quel est ce trésor inestimable et comment le défendre mais avant cela, nous allons voir quel est l’ingrédient qui façonne notre intelligence.
L’information
Avant l’imprimerie moderne, l’information ne circulait pas ou seulement par les récits de colporteurs. Les livres étaient copiés à la main en très petite quantité dans les monastères et n’était réservés qu’à une élite fortunée.
A partir du 16ème siècle, apparaissent les premiers journaux. La radio apparaît au début du 20ème siècle. Puis, la télévision évince tous les autres médias en combinant le pouvoir de l’image et du son. Mais c’est dans les années 90 que l’information se mondialise avec la naissance d’internet qui est une révolution.
Les plus jeunes d’entre vous vont être choqués, mais j’ai connu la vie sans internet. Quand j’étais enfant, il n’y avait que 6 chaînes télé et ma source cruciale d’information était le Club Dorothée. Pour les adultes, c’était le journal de 20H qu’il ne fallait rater sous aucun prétexte. Comparé à aujourd’hui c’était le moyen-âge. Puis internet a tout chamboulé.
A partir de là, les sources d’information sont devenues inépuisables. N’importe qui peut créer et diffuser des articles, de la musique, des vidéos auprès d’une énorme audience. A cela ajoute les réseaux sociaux : Instagram, twitter, Facebook. Les quantités de données qui s’engouffrent dans notre cerveau sont devenus astronomiques. Mais est-ce que la qualité s’est améliorée ?
Le biais de négativité
Quand on écoute les infos, ce qui semble le mieux caractériser notre époque et le mot crise : crise écologique, crise économique, crise sanitaire, crise géopolitique… Il n’y a pas qu’en ce moment que la France traverse une crise de la démocratie, il y a 30 ans c’étaient les mêmes annonces effrayantes qui hantaient les news.
Pourquoi ce sont toujours les mêmes rubriques catastrophiques qui font les gros titres ? Quand vous croisez un accident sur la route, on dirait qu’il y a une force obscure qui vous pousse à regarder alors que vous savez que vous risquez d’être traumatisé. Les événements négatifs nous fascinent.
Si par exemple, je vous parle de Patrick. Un sympathique collègue qui entretient une relation saine avec sa femme et qui est un père affectueux. Là vous allez me dire : « Oui ? Et alors ? »
Si je vous dis qu’en réalité, Patrick est un homme sinistre, qui se drogue qui bat sa femme et mange ses enfants ! Là, vous allez être un tout petit peu plus concerné…
En plus de nous exciter, le négatif pèse aussi plus lourd dans notre mémoire. Admettons que : Caroline est une amie fidèle qui est toujours là pour vous. Le jour où elle va refuser de vous rendre un service, cela vous marquera beaucoup plus, même si votre amitié reste intacte.
Le biais de négativité a été très utile à l’époque où l’on pouvait finir affamé dans la forêt ou dévoré par des loups. C’était une question de survie. Notre cerveau a développé cette manière de réagir plus intensément au négatif, afin de mieux s’adapter face aux dangers.
Et cela les médias l’ont très bien compris. Question : à quoi sert une chaîne d’information en continu ? Perdu ! Non, ce n’est pas de nous tenir informés. C’est surtout d’augmenter l’audimat. Plus la news est terrifiante et plus ça nous scotche. Plus c’est choquant, et plus les nombres de vues augmentent. De plus, il est beaucoup plus facile de manipuler quelqu’un qui vit dans la peur.
Alors oui ! Nous enchaînons les crises et ça ne sert à rien de faire l’autruche. Surtout en ce qui concerne le climat. Mais il faut aussi apprécier que la plupart d’entre nous vit en sécurité. En France du moins, il y a à peu près zéro risque que quelqu’un débarque chez vous pour vous enlever, vous torturer ou cramer tout votre village. Sans parler des grandes guerres du siècle dernier. Comparé à l’apocalypse on n’est pas trop mal en fait !
De nos jours nos condamnons le racisme, l’homophobie, le harcèlement sexuel. Ça n’a pas toujours été le cas. De plus, dans le monde actuel, la pauvreté extrême est en chute libre. La famine recule. Le travail forcé des enfants décline. La médecine fait des avancées spectaculaires et de plus en plus de pays sont des démocraties.
Alors je ne dis pas que tout est rose. Je pense simplement qu’il faut savoir filtrer les informations afin de se faire une idée juste sur notre monde. Car notre vision du monde est ce qui définit la qualité de notre vie. Il est donc nécessaire de faire le tri.
En Chine par exemple, le gouvernement contrôle l’opinion publique en pratiquant la censure. Winnie l’Ourson, c’est la caricature du président chinois qui amuse les réseaux sociaux et il est banni officiellement sur toute la toile chinoise.
Alors comment éviter de se faire manipuler ? Comment rester libre et surtout comment ne pas devenir abruti ? Cela nous amène enfin à cette ressource précieuse dont je parlais. Ce fameux trésor inestimable.
Votre Attention
Dans une interview de Reed Hastings, le PDG de Netflix, on lui a demandé quel était son concurrent le plus bouillant, Amazon Prime ou Disney plus ? Il a répondu… Fortnite ! Oui, pour le boss de Netflix, quand un jeune passe du temps à jouer en ligne, il ne le passe pas à regarder des séries et son entreprise perd alors ce qui a le plus de valeur pour elle : votre attention.
Pour cette denrée vitale, les plus grandes entreprises se font la guerre et ne veulent qu’une seule chose : vous dépouillez !
Et c’était déjà le cas, avant Internet… D’après vous, quel produit vend une émission de télé ? Certains pourraient répondre : du divertissement. La télé tire sa fortune de la publicité. Quand TF1 rencontre des annonceurs prêts à débourser des millions d’euros, elle leur propose en échange ce qu’on appelle : du temps de cerveau disponible.
Avant, pour que notre temps de cerveau soit « disponible », on devait se poser bien sagement dans notre salon devant la télé. Mais entre-temps, l’invention de Steve Jobs est venue se placer directement dans notre poche et depuis c’est buffet à volonté ! A travers, notre téléphone, tout est mis en œuvre pour nous envoûter.
Avez-vous compté le nombre de notifications qu’on doit subir en une journée ? Est-ce que vous avez capté comment YouTube vous fait tout de suite une suggestion irrésistible ? Est-ce que vous avez remarqué comment les épisodes sur Netflix démarrent automatiquement sans rien faire ?
Le cauchemar absolu est TikTok où les vidéos s’enchaînent toutes seules à l’infini et on a aucune idée de ce qui va suivre. On se laisse emporter comme un zombie. Notre attention est littéralement emprisonnée. Alors la prochaine fois que vous êtes sur Instagram et que ça fait 45 minutes que vous scrollez, arrêtez-vous deux secondes et posez-vous la question : qu’est-ce qu’il vient de se passer ?
Les images qui viennent d’être gravées dans votre tête ont-elles un réel intérêt ? Comment est-ce que vous vous sentez ? Est-ce que ça vous rend agité ? Anxieux ? Triste ? Selon la direction vers laquelle nous pointons notre attention, le prix à payer peut-être celui de notre santé mentale.
Vous pouvez alors filtrer et ne consommer que des informations que vous allez vous-même chercher en toute conscience. Pour ma part, j’écoute pas mal de podcasts. Je m’inscris à des newsletters sur des thèmes précis que JE demande à recevoir. Sur Youtube, je ne regarde que des chaînes qui m’intéressent et je bloque les suggestions et pour tout le reste : JE COUPE LE FLUX.
Et ça change tout ! Ainsi, je me sens beaucoup plus serein. Je suis plus créatif et je suis capable d’écouter mon intuition. Et accessoirement, ça m’évite aussi d’acheter du merdier sur Amazon : des objets inutiles que je vais emmagasiner chez moi parce que l’algorithme me l’a suggéré.
Bon, je vous rassure, vous n’allez pas passer vos journées à écouter des mantras. Même si ça m’arrive de temps en temps, quand j’ai besoin de nettoyer mon mental. Il m’arrive aussi de kiffer un petit épisode de Peaky blinders ou d’écouter un bon gros rap.
Tout est une question de choix délibéré. Vous pouvez même regarder de la télé-réalité si ça vous chante ! Ce n’est pas le poison qui est dangereux. C’est la dose. Il faut savoir se faire plaisir mais avec modération.
Ca me rappelle quand j’étais petit, une fois, j’avais tellement joué pendant des heures à Tetris que quand je fermais les yeux, je voyais des briques partout. J’en avais même rêvé toute la nuit. Alors imaginez ceux qui sont plantés en permanence devant BFM TV !!!
Et puis même si vous ne changez rien, c’est déjà un grand pas de voir le rapport entre ce que vous avez entendu et ce qui est sorti de votre bouche. L’attention ne doit pas être gaspillée et doit être respecté comme une monnaie d’échange. Ne laissez pas l’industrie vous carottez !
Investissez-la dans ce qui va vous apporter le plus de bénéfices. On dit souvent que ce dont les enfants ont le plus besoin, c’est d’attention. C’est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à quelqu’un. Alors donner de l’attention à vos proches, ou à votre petit chien. Mettez-vous bien aussi, Servez-vous en premier ! En prenant le temps de penser, de réfléchir sur votre avenir ou en vous formant. Les meilleures idées jaillissent quand vous parvenez à écouter votre cœur.
Vous pouvez aussi méditer. La méditation, c’est littéralement diriger toute son attention en soi pour atteindre la paix intérieure.
Si Tay avait suivi ces conseils, elle serait peut-être encore parmi nous aujourd’hui…
